Deux étudiantes de l’IFMK de l’École d’Assas sont parties en stage outre-Atlantique, accueillis par Dan Fleury dans le centre de rééducation qu’il dirige. Voici leur témoignage.
Nous avons passé un mois de stage à Portsmouth, New Hampshire dans un cabinet, appelé Portsmouth Physical Therapy, avec une équipe de quatre masso-kinésithérapeutes. Portsmouth est une ville de la côte est des Etats-Unis, à 1h30 de Boston, Massachusetts. Elle compte environ 21 000 habitants. C’est un endroit assez touristique et le lieu de vacances d’été pour de nombreux Américains. La région du New England est connue pour ses nombreuses plages, son homard succulent, et ses habitants accueillants !
Le centre de rééducation dans lequel nous étions est dirigé par Dan Fleury, vice-président du Pinnacle Rehabilitation dont fait partie Portsmouth Physical Therapy. Quatre masso-kinésithérapeutes y travaillent, avec des horaires différents de façon à ce que le centre soit ouvert de 7h à 19h. Les patients ont des pathologies variées, avec une prédominance de lombalgies, de cervicalgies et de pathologies d’épaule. Tous les âges sont représentés. La clinique est située près d’une base aérienne militaire, donc la patientèle de la clinique est particulièrement constituée de vétérans, notamment de la guerre du Vietnam.
Le centre possède beaucoup de matériel, installé dans une grande salle de rééducation. Il y a 8 tables électriques, du matériel de physiothérapie, et plusieurs installations de poids pour des exercices de renforcement musculaire. Chaque patient passe au moins une heure avec un kinésithérapeute qui gère généralement deux patients simultanément. Deux secrétaires organisent les plannings et les différents problèmes liés aux assurances des patients. Le système de santé est complètement différent aux États-Unis par rapport à la France, ce que l’on savait, mais les complications nous ont surprises. Certains patients préfèrent payer les séances de kinésithérapie eux-mêmes, d’autres utilisent leurs assurances, mais sont confrontés à des limitations en terme de nombre de séances et de type de traitement auquel ils ont droit. Certaines assurances ne remboursent pas la cryothérapie ou la thermothérapie. Depuis mai 2018, la plupart des assurances ne remboursent plus la technique du “Dry Needling”, donc les patients doivent payer les séances.
À la différence des kinésithérapeutes en France, les kinés américains sont habilités à faire des manipulations d’ostéopathie que l’on appelle familièrement “faire craquer” (cracking). De plus, ils ont l’habitude d’utiliser des outils pour masser et libérer les adhérences cutanées. De différentes formes, ces instruments en métal permettent d’exercer une pression importante pour traiter les tissus mous. La technique du “cupping” est aussi beaucoup plus répandue qu’en France, notamment pour traiter les lombalgies. Les ventouses, le plus souvent en silicone ou en caoutchouc permettent un influx de sang dans la zone, ainsi qu’un décollement des adhérences cutanées. Ils ont aussi des outils en forme de ceintures qu’ils utilisent pour faire des tractions lombaires, et un outil de traction cervicale. Nous avons pu nous entraîner entre nous, ou sur les autres thérapeutes, pour tester l’effet de ces différentes techniques.
Une des plus grandes différences entre la pratique de kinésithérapie en France et aux États-Unis reste le fait que les patients peuvent venir consulter un kinésithérapeute en première intention, même si certains patients sont généralement limités par le fait que leur assurance requiert une ordonnance d’un médecin pour les rembourser. Les kinésithérapeutes sont donc formés dans le diagnostique différentiel, et doivent écarter les “red flags” lors de leur bilan, notamment dans le cas d’une cervicalgie. Nous avons assisté à plusieurs bilans, qui sont très complets et standardisés.
Nous avons également rencontré une étudiante américaine, en dernière année, qui était en stage au même endroit. Nous avons discuté des différences entre les deux systèmes d’éducation. Lors de sa dernière année, soit sa 7ème, elle n’a plus cours et enchaîne les stages dans différents terrains, avant de passer un examen national, donc commun entre toutes les écoles de kinésithérapie du pays. Avant de pouvoir pratiquer, en fonction de l’État qu’elle choisit, il est possible qu’elle doive valider un autre examen pour obtenir un agrément dans cet État.
Nous sommes ravies de ce mois de stage. Ce fut très épanouissant, enrichissant et nous sommes reconnaissantes envers toutes les personnes que nous avons rencontrées. Nous avons appris énormément, et nous revenons avec des valises remplies de nouvelles connaissances !
Nous remercions particulièrement Dan Fleury, pour nous avoir donné l’opportunité de venir faire un stage dans son cabinet, Katie, Charlie, Alyssa et Cecile, pour nous avoir pris en charge lors de ces 4 semaines et pour avoir répondu à toutes nos questions.
Cynthia Lasanté et Juliette Devidts